“Quel “bonheur” d’avoir retrouvé cette “maison de campagne” en compagnie de mon fils François, de Thierry Vancoppenolle (fils spirituel) et de Florent ce 2 novembre. Avec une telle équipe, petite et efficace, je suis redescendu dans cette grotte école appelée “le trou d’acquin” (anciennement le fond d’hestroye) située à Lustin.”
Pour ceux qui comme moi ne connaissent pas ce village, Lustin est situé dans la plus belle vallée de la province de Namur et occupe à l’est du fleuve et entre les villages de Dave et de Godinne, toutes les hauteurs et les rives de la Meuse. Lustin fait partie de l’entité de Profondeville.
A la la veille de ses 68 ans, Philippe Goeminne, le fondateur du Dynamic-Tonic, voulait faire le point sur ses capacités physiques et bien sûr tester sa mémoire, ses sensations. Thierry Vancoppenolle, ancien élève du club pendant de nombreuses années, relais compétent dans de nombreux domaines dont la spéléo, lui a laissé prendre la “tête de cordée” durant cette descente. “Merci Thierry”.
La spéléo ?
C’est la liaison de plusieurs sensations que l’on peut découvrir dans les entrailles de la terre. On ajoute la liaison (esprit-d’équipe) et les échanges (l’entraide) entre les participants (les “maillons”) pour créer la chaîne! Cette chaîne est obligatoire pour plonger dans cet environnement “particulier”, étrange, fermé, qui perturbe la vision grandiose du monde extérieur.
Il fait “morose” à l’extérieur, temps de Toussaint et le chemin agricole qui mène à la grotte est boueux; il faut à peine cinq minutes de marche pour arriver à une grande dépression de terrain. De l’eau dévale pour arriver jusqu’à l’entrée principale de cette grotte; c’est le courant de l’eau, entrainant les pierres (érosion mécanique) et les végétaux divers (érosion chimique) qui ont creusé son chemin dans le sol; c’est un chantoir (eau qui chante en rentrant dans la grotte). Voilà la grotte, protégée par sécurité, d’une porte blindée cadenassée.
Dès l’entrée l’ambiance est là, concrétisée par l’eau qui coule entre les rochers, l’obscurité que le groupe pallie avec leurs lampes frontales, la boue et ce VISUEL extraordinaire. Et c’est parti pour la descente dans un gruyère de rochers appelé “éboulis”. L’équipe est soudée, attentive, la chaîne fonctionne. Philippe retrouve ses repaires et sa joie est grande de pouvoir admirer ce travail de la nature. Salle immense, des stalactites et des …mites, des colonnes, des rochers usés, arrondis. Un moment donné il décide, avec l’accord et la confiance de ses partenaires, de faire appel à sa mémoire et s’orienter dans le noir absolu: le test de la “chenille” c’est-à-dire de se suivre en se touchant (sans s’agripper), en transmettant juste le bon message, calmement, sans élévation de voix et sans éclairage.
“Je ferme les yeux (puisque inutiles) et mes mains, en gardant le contact avec les rochers environnants, sentent. J’avance, je tourne, je descends à genoux, je me glisse sur le ventre pour passer, avancer, tout en parlant à voix basse à mon suiveur. A un moment donné je bloque, paroi devant moi, parois de chaque côté, pas de passage en dessous… Je me résous à allumer une fraction de seconde pour me rendre à l’évidence: j’ai oublier de sentir au dessus de moi. Zut ! Replongé dans le noir, je repars et j’entame une ascension progressive, suivi par le reste de l’équipe. Un moment donné je dois me coucher et ramper dans un passage “humide et un peu boueux” mais rien de bien difficile.
RESPIRATION, oui, automatique. Placement du corps, sentir quelle est la meilleure position pour avancer sans choc, sans brutalité. Arrivé à la salle de “l’espoir” nous allumons nos frontales: c’est gagné. Yess pour ma mémoire et yesss pour les équipiers qui ont suivis! Je reprends le chemin et continuons notre descente pour arriver plus bas et admirer un magnifique rocher (le pont de calcite) qui a la forme d’un énorme champignon. L’équipe est en forme et je propose le passage d’un petit boyau appelé le “trou du lapin”; petit, étroit avec une petite partie dans l’eau si l’on se place mal… J’entame mon déplacement en cognant mon casque, en sentant devant moi, en évaluant du regard comment passer et surtout en me mouillant le moins possible… Derrière moi j’entends Florent qui doute, patauge, se mouille: l’eau est froide, et oui je l’entends grogner et crier. Je n’ai pas le temps de jubiler sur le sort de mes suiveurs car je suis moi-même “en recherche”. Un moment donné me voilà coincé dans une mauvaise position.”
“Un: débloquer mon casque, deux: me reculer et retrouver une mobilité de corps et surtout RESPIRER. Tout va bien car ce n’est pas l’inconnu pour moi, ni pour François (le vrai fils) ni pour Thierry (le fils spirituel); Florent lui garde son humour et son flegme, bravo ! Tout le monde suit…
Nous sortons de ce boyau “mouillés” doublement (eau et transpiration): nous avons puisé notre énergie et nous prenons un peu de temps pour récupérer et relâcher les zygomatiques. Florent a toujours le mot pour faire rire: que c’est bon cette détente. Nous reprenons pour entamer le chemin du retour: REMONTER. Après être passé par la grandiose “salle de minuit”, je remonte par le “colimaçon” (très intéressant car le placement du corps – en souplesse – est primordial). Nous avançons ensuite vers la salle de “l’espoir”. C’est là que je fais à mes partenaires la proposition de trop, pour moi (mais je ne le sais pas encore): Remonter la “boîte aux lettres”, passage visuellement magnifique, étroit, glissant, mais accessible techniquement avec un “petit” peu de physique… J’ai toujours réussi et dans ma tête: c’était comme hier… J’entame mon entrée et, après quelques minutes, malgré l’assistance (en dessous de moi) de Florent, je dois me résoudre à lâcher du lest car mon corps sature… Nous ressortons de ce passage et le groupe se scinde en deux: le fils François reste avec Papa et Florent va effectuer la remontée avec Thierry. Me voilà reparti par un autre chemin qui contourne la difficulté et 10 minutes plus tard l’équipe au complet se retrouve pour la suite de l’ascension. Nous remontons dans notre “gruyère” (les éboulis de rochers) et nous arrivons à la sortie de la grotte. C’est encore une victoire d’équipe que je suis fier de partager, en toute simplicité, par écrit, avec vous.”
Pour terminer cette belle journée, il faut toutefois remarquer que Philippe a été confronté, durant cette activité spéléo, à ses limites… Avec le recul il se rends compte qu’il deviens “moins jeune”.
Que faire et comment réagir ? Etre HEUREUX de cette descente, de la chance de pouvoir encore bouger… Et surtout accepter de “modifier” son régime, s’adapter SANS BAISSER LES BRAS et continuer son chemin.
“Merci à mes potes pour l’ambiance, l’échange, le respect, l’entraide… C’était l’ambiance du DYNAMIC-TONIC.”
Philippe Goeminne